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DU 1ER AU 30 NOVEMBRE 2021
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Galerie Keller

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4/11/2021 – 18/12/2021


Péter KORNISS

Le navetteur



À la fin des années 1970, Péter Korniss commence à s’intéresser aux navetteurs de province qui se déplancent chaque semaine vers la capitale pour y trouver du travail. À l’époque, plus d’un quart de millions de personnes vivent ainsi en Hongrie. Ce projet permet à Korniss de représenter certaines situations typiques de la société à cette époque : le passé paysan, le travail en ville, le foyer d’hébergement d’ouvriers, la famille au village et le voyage hebdomadaire en train. Au bout d’un an et demi, c’est András Skarbit, ouvrier sans qualification, faisant la navette entre Tiszaeszlár et Budapest, qui devient le personnage central de ce projet. Korniss documente la vie de Skarbit pendant presque 10 ans, jusqu’à la retraite de celui-ci. Dans l’histoire de la photographie hongroise, c’est un projet d’une envergure inédite. Souvent considérée comme l’œuvre majeure de Korniss, la série est aussi perçue comme un nouveau point de départ dans la photographie contemporaine hongroise.

Spécialiste tchèque qui fait autorité dans le domaine de la photographie, Daniela Mrázková, critique et rédactrice de Revue fotografie et Fotografie-Magazín, auteure de seize livres parus en Tchéquie et à l’étranger, commissaire d’une cinquantaine d’expositions, écrit dans son essai Persona grata Korniss (2017) qu’avec Le navetteur, le photographe hongrois parvient au sommet de son art : « Avec cette œuvre explorant des situations sociales et des états psychologiques, Korniss s’est engagé sur la voie de la photographie sociale qui lui permet de traiter de problèmes sociétaux. Il a réussi quelque chose d’inédit. Il a été le premier à raconter une histoire complexe et détaillée en images sur un phénomène, un moyen de subsistance devenu déterminant dans des pays de l’Europe centrale postcommuniste. En Tchéquie et en Slovaquie, l’expression navetteur gagne en actualité après les changements révolutionnaires de 1989 : la relation capitale-province cède la place à un contexte international ; beaucoup voyagent de Tchéquie et de Slovaquie en Autriche, de Tchéquie, de Slovaquie ou de Pologne en Allemagne ainsi que d’Ukraine, de Biélorussie en Tchéquie, en Pologne et en Slovaquie. Le rôle émotionnel de l’attachement aux racines rurales est remplacé par le sentiment d’appartenance à la nationalité. Le récit pictural de Korniss sur András Skarbit est exceptionnel. Il propose une image exhaustive d’un phénomène psychosocial devenu généralisé en Europe centrale après la chute du régime communiste. »

Péter Baki, historien de la photographie et directeur du Musée hongrois de la photographie, évoque la série dans des termes similaires dans le catalogue Korniss de la Galerie nationale publié en 2017 : « L’album Le navetteur représente l’une des publications les plus importantes de l’histoire de la photographie hongroise, mais c’est aussi avec lui que Korniss atteint le sommet de son art (…) L’exposition de 1988 est devenue un événement phare pour la photographie et l’intelligentsia hongroises. »
Au même endroit, Baki insiste sur le fait que Korniss est toujours resté présent, et continue de l’être aujourd’hui, sur la scène internationale, grâce à ses expositions. Depuis 1974, il ne cesse d’être invité à l’étranger. L’historien américain d’origine hongroise écrit à propos de l’exposition de Korniss au Beloit College : « Korniss est le photographe le plus connu à l’étranger ».





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