Le 100
→ y aller3/11/2022 – 22/12/2022
le 3/11 à 18h30 vernissage en présente des artistes
Charlotte CHARBONNEL / Nicolas DHERVILLERS / Sophie HATIER / Jeanne REVAY / Andrea VAMOS / Mireille FAVERGEON
Le souffle léger du vivant
Comment définir le vivant ? Déceler dans l’immobilité de l’instant l’indice le plus ténu de ce qui est animé.
Le différencier de ce qui est inanimé. Il y a quelques années, une jeune chercheuse japonaise en robotique a tenté de reproduire grâce à l’intelligence artificielle l’imperceptible trace du vivant. Elle est venue à Paris présenter ce robot un peu étrange. Une peluche informe était perchée en haut d’un socle sur la scène. Ce robot, sans membre qui le rapprocherait d’un mammifère, sans yeux qui pourrait accrocher le regard, ne faisait rien. Mais une émotion se dégageait du mouvement imperceptible de son enveloppe : il respirait.
Avec la régularité irrégulière et fragile du vivant. Tel est le sujet de l’exposition : la capacité de la photographie, dans son instantanéité, à saisir l’infime mouvement, la respiration la plus légère, la trace subtile et pourtant vivace. Il y a quelque chose de réjouissant à réaliser la présence du vivant. Quelque chose de rassurant aussi dans le lien qui s’établit entre soi et la pulsation minimale.
C’est dans une immatérialité presqu’abstraite, dans une sobriété de moyen, que s’exprime le mieux le caractère essentiel de notre lien au vivant. Ainsi, les photographies de paysages de canicule de Sophie Hatier, laissent deviner la présence écrasée de la végétation, dans l’aplat de l’image soumise à une lumière si saturée qu’elle en devient absente. Les Quatuors (2016-2021) de Jeanne Revay, captant les vibrations du monde qui agitent l’air, le ciel, la mer, réinventent les mondes observés avec grâce et légèreté. Un monde insaisissable à l’œil nu : c’est ce que nous montrent les œuvres d’Andrea Vamos. Ces pellicules vierges, suspendues à la manière de tentures dans la nature, impriment les traces invisibles de la nature, nous immergent dans une forêt d’images se situant à la lisière de l’imperceptible (Sans titre, série « After Works », 2020).
Sans s'absoudre de la réalité, la série de Nicolas Dhervillers, The Light has always been there (2018), offre au regard les plateaux neigeux de l’arctique et de l’antarctique, territoires « vierges » : portant les signes d’un changement d’état imminent, ils nous interrogent sur le futur de l’humanité, à l’ère de l’anthropocène.
La vidéo de Charlotte Charbonnel, Les larmes de la terre – prélude - (2021), nous plonge au cœur de la matière terrestre en filmant au ralenti les coulées de lave en ébullition (au rythme de 100 images secondes). Des images mystérieuses qui portent en elles « tant les origines du monde que sa fin » (Laure Prouvost).
Et si le travail de l’émail s’approchait de celui de la photographie ? C’est qui apparaît dans la recherche de Mireille Favergeon dont les grandes conques en grès et porcelaine, ces Morceaux de mer, tentent de retenir la fluidité de l’eau.
Véronique Hublot-Pierre
& Domitille D’Orgeval
& Domitille D’Orgeval
Le 100 · Etablissement culturel solidaire