Andres SERRANO
The Robots
La galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter The Robots, la cinquième exposition personnelle d’Andres Serrano après Infamous (2019), Sacramentum, Sacred Shadow (2012) et Cuba (2014) à Bruxelles et Torture (2016) à Paris.
Depuis plus de trente ans, Andres Serrano produit une OEuvre en lien avec la sensibilité de son époque ou l’Esprit du temps, que l’on peut traduire littéralement par Zeitgeist -un terme emprunté à la philosophie allemande désignant le climat intellectuel et culturel, les jugements et les habitudes de pensée d’une époque. Né en 1950 à New-York, l’enfance de l’artiste baigne dans une Amérique voulant faire peau neuve, profondément fragilisée par les dérives d’une société où la cruauté a atteint son paroxysme. Pourtant, ses limites perdurent dans notre contemporanéité : Andres Serrano les sonde en levant le voile sur le visage inquiétant du monde, et plus particulièrement de l’Amérique, à l’aube de ce troisième millénaire. Alors que la série Infamous (2019) dépeignait une Amérique conservatrice et raciste —en révélant des indices encapsulés de manière insidieuse jusque dans certains produits de consommation- The Robots brosse aujourd’hui le portrait du monde entrant dans une nouvelle étape de la connectivité : le lancement du Métaverse.
Le Métaverse est une plateforme numérique qui prépare la dématérialisation intégrale du monde, et ce jusqu’à nos propres corps. Cette nouvelle destination propose un univers entièrement virtuel dans lequel les utilisateurs, représentés en avatars, peuvent interagir, se déplacer, vivre en s’affranchissant du monde physique. À l’heure où la machine, la technologie et le numérique prolifèrent largement dans nos sociétés contemporaines, nos corps ont subi des transformations majeures : leurs pouvoirs d’extensions s’étendent au-delà de leur unique matérialité. La série The Robots d’Andres Serrano, en présentant des objets datant des années 1950 et 1970, tente de collecter les indices annonciateurs de cette évolution entièrement digitalisée de notre environnement. Car, « avant le Métaverse, dit l’artiste, il y avait les robots. » En décembre 2021, l’artiste commence sa série en achetant des robots soigneusement sélectionnés pour leurs histoires et leurs particularités physiques. Ces attributs élèvent les simples jouets au rang d’objets de collection, prisés et recherchés, pouvant parfois atteindre des prix faramineux. L’artiste a principalement photographié des robots japonais anciens dont il a trouvé des similarités avec les nouveaux Mekas NFT1. Les jetons non fongibles (NFT), en vogue depuis quelques années, sont disponibles à l’achat sur des plateformes en ligne et même dans les plus grandes maisons de vente aux enchères. Ce type d’acquisition “nouvelle génération” change notre rapport aux choses et au monde : il est désormais possible de collecter l’immatériel. Ainsi, tout en restant attaché à la matérialité de l’objet ancien -en photographiant ces robots vintages dans lesquels la patine du temps s’est glissée- Andres Serrano explore aussi l’iconographie du futur déjà engagée dans notre contemporanéité. Tous les robots de la série baignent dans un univers fantasmagorique : les couleurs criardes en toile de fond encrent ces personnages dans une autre dimension. Pourtant, en regardant attentivement la collection, certains détails sont intrinsèquement liés à des faits historiques réels. La plupart des robots japonais armés ou protégés contre les missiles se positionnent comme des supersoldats invincibles d’après-guerre, fabriqués à la suite des bombardements dévastateurs sur le Japon par les forces armées américaines pendant la Seconde Guerre mondiale. La multiplication des robots aux allures d’astronautes fabriqués à l’aube des années 1960, font quant à eux référence à l’entrée du monde dans l’ère spatiale -notamment après Spoutnik, le premier engin placé en orbite autour de la Terre en 1957. Les jouets photographiés s’érigent ainsi comme des symboles de pouvoirs, des témoins historiques proches de l’archive. À travers cette série, Andres Serrano nous permet aussi de sonder toute l’ambiguïté de notre relation avec les robots.
Si les recherches en robotique ont aujourd’hui atteint des sommets, notre comportement vis-à-vis d’eux a toujours conjugué fascination et effroi : mi-humain mi-créature, l’hybridité de ces automates séduit tant qu’elle dérange. Les robots, dit l’artiste, font aussi “le lien entre l’enfance et la maturité, la science-fiction et la science, l’existence et la méta-existence. Ils sont le futur et le passé, le carrefour entre le réel et l’irréel, le rationnel et l’irrationnel, le bon et le mauvais. Ils sont nous.” La violence et l’asservissement sont condensés dans ces automates, s’érigeant comme des extensions de notre propre humanité. À travers cette série, Andres Serrano dépeint le paysage ambigu de nos sociétés contemporaines : il nous rappelle tant qu’il nous met en garde sur notre rapport complexe à la robotique ainsi que sur les potentielles dérives qu’elle pourrait impliquer.
Galerie Nathalie Obadia
www.nathalieobadia.com
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@galerieobadia
01 42 74 67 68
info@nathalieobadia.com
91 rue du Faubourg Saint-Honoré – Paris 8e
lundi-samedi 11h-19h
accès libre
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